Login

Compétitivité du maïs français Eviter d’abaisser trop de leviers

Les atouts du maïs français sur la scène internationale reposent sur la technicité des producteurs et le progrès génétique qui assurent le niveau et la régularité des récoltes. L’ensemble suppose, cependant, de maintenir l’outil de production à niveau. Les représentants de la filière craignent la multiplication de freins et contraintes qui viendraient grever la compétitivité de l’origine France.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


Le rendement à l’hectare reste le meilleur atout de la compétitivité des maïs français
alors que l'accès à l'eau peut constituer un frein. (© Terre-net Média)

L’année 2012 avec une prévision de rendement du maïs grain à 97 q/ha confirme la relative stabilité des résultats français dans un monde confronté à des aléas climatiques de plus en plus marqués. L’Agpm témoigne d’une « prévisibilité des performances, tant quantitatives que qualitatives, attractive pour les pays clients de la France », dont la production, pour plus de 50 %, est exportée au sein de l’Union européenne.

« Le contexte français pour la production de maïs paraît beaucoup moins favorable que dans d’autres pays : surfaces réduites, coûts de main-d’œuvre élevés… » Pourtant, Jean-Paul Renoux, consultant technique pour l’Association générale des producteurs de maïs, met en avant la stabilité des niveaux de collecte et la sécurité assurée au niveau de la qualité sanitaire mais aussi technologique. « La technicité des agriculteurs, l’intérêt marqué pour l’innovation génétique, l’adaptation de l’itinéraire cultural aux évolutions de l’environnement, participent à la stabilité des rendements et de la qualité. » Le consultant met, cependant, en garde contre certains facteurs qui fragilisent la filière française : accès à l’eau non assuré, protection contre les ravageurs limitée - « le Cruiser 350 est l’unique solution contre les attaques imprévisibles de taupins » -, défauts de désherbage…

La sécurité des rendements repose sur quatre piliers : le climat océanique qui tempère les excès ; le déploiement de la culture sur l’ensemble du territoire ce qui répartit les risques ; l’appoint de l’irrigation sur 40 % de la sole de maïs grain qui sécurise la production ; la technicité des producteurs qui tirent, notamment, le meilleur parti du progrès génétique disponible.

Contrainte sur l'irrigation

Ainsi, si la progression des rendements français se maintient autour de 1 q/ha/an en moyenne, « celle-ci masque par exemple le cas de la Charente-Maritime, où les restrictions d’irrigation ont fait chuter le gain de 1,66 q/ha/an à zéro. Le progrès génétique, l’adaptation des itinéraires techniques et le recours à la stratégie de l’esquive et l’utilisation optimisée de l’eau ont juste permis de stabiliser la situation. »

A l’échelle nationale, selon Jean-Paul Renoux, la contrainte sur l’irrigation coûte, depuis 20 ans, un tiers du progrès génétique, « soit au global environ 15 q/ha et 2,5 millions de tonnes de production annuelle ».

La protection contre les bioagresseurs, et notamment les ravageurs, est un autre poste où la distorsion de concurrence pesant sur le maïs français est importante. « Ce sont ainsi près de 12 % des rendements moyens du maïs grain qui sont menacés par l’insuffisance de l’offre et très dépendants aujourd’hui du seul Cruiser 350. »

Menace sur les solutions de désherbage

De plus, « disposer d’une protection efficace contre les ravageurs de début de végétation est indispensable aux semis plus précoces, pratique favorable à l’installation d’un potentiel élevé et permettant de diminuer le risque de dégradation de la qualité sanitaire de la récolte pour le maïs grain. Les défauts de lutte contre les mauvaises herbes, continue le consultant, résultant du retrait progressif d’herbicides comme les triazines, ont augmenté le coût de la protection de 25 % et favorisé l’apparition d’une flore d’adventices nouvelles très difficile à maitriser. Les incertitudes récentes sur les chloroacétamides, produits de prélevée, menacent la durabilité du désherbage au niveau même de l’assolement par la disparition d’une famille chimique originale. »

Horizon 2020

L’analyse des données d’exploitation de onze fermes type souligne quatre éléments clés :

L’irrigation est un des piliers les plus importants de la sécurisation économique. L’impact de la variation des rendements sur les coûts de production pour les bassins en maïs grain sec se situe entre 30 et 120 €/t en fonction des campagnes, alors qu’il se limite entre 25 et 50 €/t sur les systèmes irrigués (écart entre les rendements mini-maxi sur cinq ans et sur la base d’un niveau moyen de charges 2010-2011). L’expression du progrès génétique permet d’améliorer la compétitivité. En moyenne, si les exploitations du panel produisent 1 t/ha de plus, leur coût de production baisse de 18 €/t (12 à 33 €/t selon les situations).

La rentabilité de la production de maïs reste très sensible aux prix de marché. A 100 €/t, l’excédent brut d’exploitation (Ebe) se situe le plus souvent entre 50 et 200 €/ha voire des Ebe négatifs pour les systèmes les plus fragiles. Les exploitations sont toutes dépendantes du niveau des aides Pac : en situation de marché favorable (190 €/t), les aides découplées représentent encore 30 % de l’Ebe, plus de 50 % en situation intermédiaire (140 €/t) et plus de 100 % en situation de prix bas (100 €/t).

A horizon 2020, la filière identifie certaines marges de manœuvre. Une adaptation de la mécanisation permet un gain de compétitivité de 1 à 21 €/t selon les exploitations. L’expression du potentiel génétique par l’accès à l’innovation et au progrès technique (protection des plantes, semis précoces, irrigation…) peut entraîner un gain de 12 à 33 €/t supplémentaires. Enfin, l’expression du progrès génétique devrait se traduire par une hausse de la production de 7 à 13 % pour quatre bassins étudiés, soit une collecte de plus de 7 Mt à horizon 2020.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement